
Thalia Costa (Brésil) : « Quand j’ai commencé, ma famille n’avait aucune idée de ce qu’était le rugby »

De petite ailière à géante du rugby.
Originaire d’un pays de 200 millions de personne où le football est une religion et où le rugby lutte pour se faire une place, Thalia Costa fait partie des stars du rugby à 7.
Elle est la première Brésilienne à avoir passé la barre des 100 essais en HSBC SVNS et son Comité olympique l’a désignée meilleure joueuse de rugby de son pays.
Après avoir enflammé les plus beaux stades du monde, Costa veut étoffer son palmarès. Elle est la première joueuse d’une nation émergente à être nommée au titre de Joueuse de l’Année en rugby à 7 depuis la Néerlandaise Kelly van Harskamp en 2013.
Cela prouve la dimension à laquelle appartient désormais Costa. Et c’est mérité.
Elle est la troisième marqueuse d’essais la plus prolifique de la saison de HSBC SVNS derrière Levi et Michaela Brake avec 29 réalisations. Elle a également réalisé plus de plaquages salvateurs qu’aucune autre joueuse, notamment contre l’Australie, à Vancouver, lors de la victoire du Brésil.
Costa se rend compte de ce qu’elle a accompli depuis ses débuts en 2019.
« Être nommée aux côtés de ces joueuses valide mes progrès », explique-t-elle. « Être comparée à de telles joueuses, des légendes, c’est un honneur. Je suis fière de mon parcours. »
En effet, elle a fait du chemin depuis Sao Luis, au nord-est du Brésil, d’où Costa est originaire. Avec sa sœur jumelle Thalita, qui joue aussi pour le Brésil, viennent de la favela de Coroadinho, la huitième favela la plus grande du Brésil avec 50 000 habitants. Costa, qui insiste sur le fait qu’elle est plus vieille que sa sœur de deux minutes, confie qu’elles ont toujours aimé le sport.
« On jouait tout le temps dans la rue derrière notre maison pendant que notre mère travaillait.
« Un jour, un prof de sport nous a vu courir et nous a proposé de rejoindre l’équipe d’athlétisme. J’ai toujours couru vite », ajoute-t-elle.
Dans un pays qui vibre au rythme du football, son intérêt pour le rugby a suscité les interrogations de sa famille.
« Quand j’ai commencé le rugby, ma famille n’avait aucune idée de ce que c’était.
« Aujourd’hui, ils comprennent tout et ne manquent aucun match ; ils suivent tout, envoient leur énergie positive et me suggèrent même certains points sur lesquels m’améliorer. Mais ils n’ont jamais eu la chance de me voir jouer au stade. »
C’est en athlétisme et en volley-ball qu’elle a d’abord brillé. D’ailleurs, elle aime toujours regarder le volley à la télé sur son temps libre.
Mais, quand Costa a rejoint le club de rugby de Delta, dans l’état de Piau, elle est vite sortie du lot au point d’être repérée par l’équipe nationale, dont l’effectif réside en permanence à São Paulo.
« Quand j’ai déménagé à São Paulo, je me suis consacrée à 100 % au rugby. J’ai eu la chance de vraiment progresser, notamment sur le plan physique. J’ai aussi amélioré ma condition physique, ma vision de jeu, ma technique et mon sens tactique. Mais cela ne s’est pas fait du jour au lendemain. Il a fallu travailler dur. »
En plus de sa qualité de finition, Costa est très forte autour des rucks, zone où elle est hyperactive. Elle court régulièrement 30 à 40 mètres en latéral par match car elle sait qu’elle a la vitesse pour boucher les trous et le physique pour plaquer sec.
« Avant, je me considérais comme une joueuse rapide qui prenait le ballon et qui fonçait tout droit. Aujourd’hui, je reste rapide mais j’ai énormément progressé au plaquage. J’ai aussi une meilleure vision de jeu et je suis à l’aise avec comme sans le ballon.
« Évoluer en HSBC SVNS, ça nous a vraiment aidé à progresser, la sélection et moi. »
Le rugby à 7 peut ouvrir des perspectives au Brésil. La discipline permet de voyager, d’étudier et d’apprendre d’autres langues.
Toutes les joueuses qui sont parties vivre à São Paulo sont soit en études, soit diplômées et vivent ensemble dans les logements mis à disposition par la fédération et l’université. Costa, quant à elle, finit son cursus de kinésithérapeute.
« Ce que j’aime dans le rugby, c’est l’unité et l’esprit d’équipe. Notre équipe est une famille, sur le terrain et en dehors. Je vis un rêve au quotidien et j’arrive à aider ma famille qui vit encore à Maranhão. »
Malgré les performances de Costa, le Brésil n’a pas réussi à terminer la saison régulière dans le top 8 et jouera donc les barrages ce week-end à Los Angeles.
En fin de saison, l’ailière des Yaras relèvera un nouveau défi puisqu’elle va rejoindre les Mie Pearls, au Japon.
Elle y retrouvera Sarah Hirini, capitaine de la Nouvelle-Zélande, entre autres.
« Cette opportunité m’a été proposée grâce à la sélectionneuse Crystal Kaua. J’espère tirer le meilleur de cette expérience pour continuer de progresser. Je veux aussi découvrir une nouvelle culture. J’ai envie d’aider le club à gagner des titres. »
Sur le terrain comme en dehors, Costa profite de toutes les opportunités qui s’offrent à elle.
« Mon but, c’est d’aider le rugby brésilien à atteindre le plus haut niveau possible pour que plus de gens s’y intéressent car c’est un sport merveilleux. Pourquoi pas atteindre le podium sur un tournoi et finir dans le top 5 aux JO ? »
Comment ne pas avoir envie de croire en elle ?