La route pour LA 2028 commence à Dubaï

Le HSBC SVNS 2025 débute à Dubaï ce week-end. Rupert Cox nous explique ce qui a changé – ou non – depuis Paris et tente de prédire les équipes qui sortiront grandies de cette étape.

Quel voyage ! Nous avons vécu six jours de rêve sous le soleil de Paris, au Stade de France, durant les JO. Plus d’un demi-million de fans étaient réunis, sans compter les dizaines de millions de téléspectateurs répartis à travers le monde.

Les Black Ferns ont conservé leur titre olympique, certainement la seule chose qui était prévisible lors de cette compétition. Le reste n’a été que show et surprises avec, en point d’orgue, le titre remporté par les Bleus d’Antoine Dupont face à des Fidji qui n’avaient jamais perdu aux Jeux Olympiques.

Lors de ces JO, des grands noms ont failli chez les femmes, comme la France qui a été éliminée par un Canada qui a ensuite sorti les Australiennes, grandes favorites, pour finalement s’adjuger l’argent.

Alex ‘Spiff’ Sedrick a traversé tout le terrain alors que tout le monde était au sol pour aller décrocher le bronze pour les États-Unis. Quand elle a passé la transformation de la gagne, une ambiance de fête s’est emparée des studios de la NBC, à New York.

On le sait, les USA ne sont pas – encore – une nation de rugby, mais au vu de ces scènes de joie, on peut décemment penser que l’équipe féminine de rugby à 7 peut changer la donne sur le long terme, notamment une joueuse : Ilona Maher.

Si vous n’avez jamais entendu parler d’elle, sortez votre téléphone. Elle compte plus de followers sur les réseaux sociaux qu’Antoine Dupont ou que le double champion du monde Siya Kolisi, capitaine de l’Afrique du Sud.

Des millions d’Américains ont même pu la voir danser avec Allen Bursten, son partenaire dans l’émission Dancing With The Stars (Danse avec les Stars). Ils ont terminé deuxièmes et on croise les doigts pour la voir revenir jouer à 7 avant de disputer la Coupe du Monde de Rugby féminine 2025 à XV, en Angleterre.

Mais, maintenant que le rideau olympique est tombé, où en sommes-nous ? Une nouvelle saison de SVNS est sur le point d’ouvrir la longue route qui mène à LA 2028.

Les Français, même sans leur superstar Antoine Dupont, auront toujours soif d’or.

Jérôme Daret, l’homme derrière leurs récents succès, a été nommé Entraîneur de l’Année World Rugby lors de la cérémonie des World Rugby Awards, et à juste titre. Il est désormais manager général de France 7s. Benoît Baby a repris le poste de sélectionneur de l’équipe masculine, preuve que les Bleus ne comptent pas se reposer sur leurs lauriers.

On va voir ce qu’il en est des ambitions et de la domination de la France au cours de cette saison. Ils ont déjà pris rendez-vous pour défendre leur titre olympique à Los Angeles. Le programme « Objectif 2028 » s’appuie sur un accord ultra complet signé entre la fédération et les clubs professionnels pour faciliter la libération des joueurs d’ici aux prochains Jeux Olympiques.

Les Blitzboks risquent d’être difficiles à battre, aussi.

Après une année 2024 bizarre durant laquelle ils ont dû passer par les repêchages à Monaco pour se qualifier pour les JO avant de finalement repartir avec la médaille de bronze, ils seront redoutables.

L’équipe n’a quasiment pas changé et Phil Snyman peut s’appuyer sur un sacré réservoir de joueurs. On peut mettre une pièce sur le fait qu’ils décrochent un sixième titre de suite à Dubaï pour démarrer la saison.

Les Fidji sont une menace permanente. Quand ils jouent, on touche presque au sublime.

Après s’être remis à temps en vue des JO de Paris, le grand Jerry Tuwai n’est plus là. Mais les Fidjiens, portés par leur sélectionneur Osea Kolinisau, voudront rompre leur mauvaise série, eux qui restent sur 22 tournois sans titre et – seulement – une médaille d’argent olympique. Préparez-vous, le retour des Fidjiens ne devrait plus tarder.

L’Argentine visera, elle aussi, le titre. Los Pumas devront faire sans leur « grand-père » Gaston Revol, qui a enfin pris sa retraite sportive pour travailler au sein du cabinet comptable familial. De son côté, Rodrigo Isgro est, comme attendu, passé au XV. Mais Santi Gomez Cora, légende du 7, sera là pour pousser ses hommes, parmi lesquels Marcos Moneta, la jeune pépite qui enchaîne les coups de génie.

D’autres sélections ont vu arriver de nouvelles têtes.

Prenez la Nouvelle-Zélande, par exemple. Les légendaires Scott Curry, Tim Mikkelson et Sam Dickson ont pris leur retraite. Leroy Carter a rejoint les Chiefs, en Super Rugby. Moses Leo est passé au rugby à XIII.

Portia Woodman-Wickliffe et Tyla King, joueuses mythiques des Black Ferns, ont arrêté. Michela Blyde, la machine à essais, a mis sa carrière en pause. Peut-on parler de fin d’une époque dorée pour le 7 néo-zélandais ? Ou est-ce le début d’une nouvelle ère ?

Les Australiennes pansent encore les plaies des JO. Tim Walsh, le sélectionneur, serait même en instance de départ cette saison. Chez les hommes, la sélection a perdu John Manenti, parti en MLR. Il a été remplacé par le Néo-Zélandais Liam Barry.

Idem pour le capitaine au long cours Nick Malouf, qui a raccroché les crampons après des années de bons et loyaux services. Nathan Lawson, autre machine à gagner, est, lui aussi, passé au XIII. Pour couronner le tout, de nombreux joueurs sont blessés, comme le très prolifique Dietrich. Le doute règne, en Australie.

Si, chez les femmes, les États-Unis sont sur un nuage, c’est plus compliqué chez les hommes. Après trois cycles olympiques, le sélectionneur Mike Friday a tiré sa révérence. Simon Amor, son ancien apprenti, passé sur le banc de l’Angleterre, de la Grande-Bretagne et du Japon, a pris le relais. Il tentera de rebâtir la sélection, ce qui ne sera pas chose facile car il devra se passer de Perry Baker, désigné Joueur de l’Année à deux reprises, et de la flèche Kevon Williams.

L’Irlande, elle aussi, devra faire sans de nombreuses figures majeures de son équipe, comme Harry McNulty ou Terry ‘TK’ Kennedy, entre autres. Lucy Rock (née Mulhall) manquera à l’appel chez les femmes à cause d’une blessure qui a mis fin à son rêve olympique. Quant à Amee-Leigh Murphy Crowe, elle tente sa chance à XV. Il sera compliqué pour l’Irlande de rééditer les performances aperçues en 2024.

Les sélections de Grande-Bretagne devront faire avec quelques difficultés financières. C’est dommage, car le vivier de talent est là, mais il ne peut s’exprimer pleinement, faute de moyens. Trois fédérations internationales majeures évoluent sous cette bannière, et il serait bon qu’elles s’unissent pour mettre la main au porte-monnaie.

Enfin, saluons chaleureusement le Kenya qui revient sur le devant de la scène après avoir été promu des Challenger Series. Vous nous aviez manqué ! Vous êtes un véritable vent de fraîcheur, vous faites vendre beaucoup de billets – et quelques bières en plus, on ne va pas se mentir – et, que vous gagniez ou que vous perdiez, la ‘Shujaa Pride’ qui fait votre ADN est toujours un plaisir à voir.

Allez, je file, j’ai rendez-vous dans le désert de Dubaï pour assister à une étape qui promet d’être passionnante.

Entre les géants en perdition, les espoirs en devenir, le glamour post-JO, on a hâte de voir ça !