Risi Pouri-Lane : « C'est différent de diriger une équipe de légendes du rugby »

La capitaine des Black Ferns Sevens (23 ans) raconte à Rikki Swannell comment elle a pris la relève de Sarah Hirini, blessée, et comment elle s'épanouit dans un rôle qu'elle ne s'attendait pas à se voir confier si tôt.

Par Rikki Swannell

L'histoire du rugby néo-zélandais est marquée par des capitaines décrits comme des leaders forts et taiseux, du genre « suivez-moi » comme Richie McCaw, Sam Cane, Scott Curry et, sans aucun doute, Sarah Hirini des Black Ferns Sevens.

Ce sont des joueurs (et des joueuses) qui ont dirigé non pas avec une personnalité forte et démonstrative, mais avec leurs actions et, comme on le dirait en Nouvelle-Zélande, avec la mana.

La jeune joueuse chargée de remplacer Sarah Hirini pour les Black Ferns Sevens est de la même trempe.

À seulement 23 ans, Risi Pouri-Lane a été propulsée capitaine après que Hirini se soit blessée au ligament croisé antérieur à Dubaï en tout début de saison. Son accession à la tête de l'équipe en a surpris certains, mais cette prodige, qui a maintenant trouvé ses marques au plus haut niveau, a longtemps été considérée comme une future capitaine.

Elle vient de loin depuis l'adolescente légèrement impressionnée qui partageait la chambre d'Hirini lors de son tout premier stage de préparation. Pouri-Lane a été recrutée à la sortie du lycée à l'âge de 17 ans. Elle a quitté Motueka, 8 000 habitants, au sommet de l'île du Sud, pour rejoindre la base des Black Ferns, dans la partie supérieure de l'île du Nord.

Elle s'est rapidement retrouvée à rejoindre le camp des Black Ferns précédant les Jeux du Commonwealth en 2018 avant de partager la chambre avec la capitaine.

« Je me souviens d'avoir été figée par le stress », se souvient-elle. « Mais, oui, j'étais plutôt contente que ce ne soit qu'une nuit parce que je ne sais pas ce qu'aurait donné une semaine entière à essayer de faire la conversation. »

Des compétences en matière de leadership

Bien que Pouri-Lane en soit à sa 21e participation sur le HSBC SVNS, qu'elle fasse partie des cadres de l'équipe néo-zélandaise et du groupe de leaders depuis la saison dernière, elle a été surprise qu'on lui demande d'assumer le rôle de capitaine à plein temps.

Elle avait pris le relais après la blessure d'Hirini à Dubaï et était restée ainsi au Cap. Mais elle s'attendait à ce que Tyla King prenne la relève après son retour du rugby à XIII.

« Ce n'est qu'après Noël, lorsque nous sommes revenues après le break, que j'ai rencontré [l'entraîneur] Cory [Sweeny], qui m'a demandé si j'accepterais de prendre le poste pour le reste de la saison.

« Sur le moment, j'ai pensé que ce n'était que pour ces deux tournois et je n'ai pas vraiment réfléchi avant d'entendre le plan de Cory pour le reste de la saison. »

Pouri-Lane (dont le nom complet est Risaleaana, soit dit en passant) a confié qu'elle avait dû y réfléchir à deux fois.

« Ce n'est pas que je ne voulais pas, mais je n'ai pas pris cette responsabilité à la légère », raconte-t-elle. « J'ai demandé à Cory si je pouvais avoir le reste du week-end pour appeler chez moi, leur demander ce qu'ils en pensaient, leur faire savoir ce qui se passait, et ils ont été derrière moi.

« Gossy [Hirini] m'a également contactée et m'a dit qu'elle serait toujours là si j'avais besoin de quelque chose, ce qui en dit long sur elle - savoir qu'elle était là pour moi alors qu'elle traversait ses propres difficultés. »

Pouri-Lane a constaté que le rôle de capitaine ne lui imposait pas de pression ni d'attentes trop lourdes, même si l'équipe a connu des difficultés au Cap et à Perth. Mais elle a dû trouver son propre style de leadership.

Et c'est un point sur lequel elle travaille encore.

Vues à la télévision

« C'est différent de diriger une équipe de légendes du rugby - Portia, Kelly, Michaela, Stacey, les filles que je regardais à la télévision quand j'étais à l'école », dit-elle.

« J'ai été capitaine chez les jeunes et à l’école, mais on a toutes le même âge et on est toutes au même stade de notre parcours, alors qu'en devenant capitaine des Black Ferns Sevens, je me suis sentie très honorée.

« Ce qui m'a beaucoup aidé, c'est de rencontrer Kylie, notre coach en charge des skills, pour savoir où j'en suis et comment je pense.

« Au début, je me suis dit : "Gossy fait comme ça et ça marche, alors peut-être que je vais essayer de faire pareil", mais ça ne me correspond pas, alors je suis en train de réfléchir à la manière dont je veux aborder le rôle sans changer qui je suis. »

C'est là que cette femme forte et taiseuse a dû trouver sa voix.

« La plupart des filles s'accordent à dire que je suis le genre de personne qui va de l'avant et qui fait avancer les choses », explique Pouri-Lane. « Mais c’est sûr qu'il y a des moments où je dois prendre la parole, ou être plus ferme sur certaines parties de notre jeu et avoir une voix qui porte. »

Les Black Ferns Sevens sont bien connues pour être très centrées sur elles-mêmes lors de leurs rassemblements à la mi-temps, alors que pendant des années, les entraîneurs se contentaient de rester à l’extérieur et de laisser les joueuses parler.

Mais les choses ont changé.

Un style différent

« Nous avons généralement une personne qui parle de la défense, de l’attaque et de la conquête en général. C'est Stacey ou Mini [Michaela Blyde] qui, du point de vue de la conquête, s'expriment sur ce que Gossy pourrait apporter, et c'est moi qui décide en dernier ressort de ce qui est dit ou de ce qu'il faut faire, ce qui est assez différent.

« J'ai l'habitude d'être le genre de personne qui suit, mais maintenant j'ai dû me transformer en celle qui dit : 'Voilà ce qu'on va faire, saute dans le waka [canoë] avec moi'. »

Joueuse de la finale à Los Angeles et membre de la Dream Team au Cap, le capitanat n'a eu qu'un impact positif sur le rugby de Pouri-Lane, où son changement de rythme trompeur, sa défense tenace, son habileté ballon en main et son style tourné vers l'extérieur ont été au premier plan, alors que les Black Ferns Sevens sont sur une série de trois victoires en trois tournois.

La Nouvelle-Zélande arrive à Singapour en tête du classement de la série, devant l'Australie à la différence de points, après avoir poursuivi ses grands adversaires toute la saison.

Après avoir terminé cinquièmes à Perth, leurs mots d'ordre ont été « calme et sérénité », rappelle Pouri-Lane.

Ce sont peut-être aussi les mots qui décrivent le mieux la nouvelle capitaine, qui semble destinée à reprendre le flambeau d'Hirini à l'avenir.